Non mais à quoi bon, à quoi bon rêver ? (1)

Non mais à quoi bon, à quoi bon rêver ? Je parle de ces songes étranges lorsqu’on est endormi, pas de ces fantasmes pensés debout, alors que serrés dans le métro comme des danseurs de Lambada (t’as 20 ans : tu connais pas), on cherche à coup de rêveries des échappatoires.

Je parle de ces choses bizarres qui se déroulent dans nos têtes alors qu’on n’aspire qu’à fermer les yeux et à tout oublier durant une nuit que l’on souhaite ressourçante, comme une petite mort, comme une anesthésie de huit heures. Au lieu de ça, « on » trouble notre quiétude. Non mais franchement, qui ferme les yeux le soir pour se retrouver dans cette étrange fiction où son chef arrive au bureau en caleçon de bain et bonnet de pêcheur vissé sur la tête, méduses aux pieds et épuisette à la main, l’engueulant parce qu’il n’a pas assez avancé sur le prochain discours d’Obama ?

Personne.

On ne choisit pas de s’allonger quelques heures pour rêver :

Qu’on (tré)bûche mais rate un baccalauréat pourtant obtenu dans la vraie vie. Bon, à 3 centièmes au dessus de la moyenne (oui, 10,03/20) par pure hypothèse, il y a de quoi ne jamais réellement réputer la chose acquise au point d’en rêver de longues années encore, je le concède ;

Qu’on met un 7 – 2 à Henri IV à FIFA, il n’avait qu’à prendre le FC Nantes puisque je n’avais aucune religion sur le choix de l’équipe ;

Qu’on apprend le ouzbèque (on dit peut être l’ouzbèque ? Bref) au cas où une belle opportunité d’emploi se créerait du côté de… tiens prenons l’Ouzbékistan par exemple (on dit peut être le Ouzbékistan ou Loosebékistan ? Bref) ;

Qu’on est candidat à The Voice non pas en chantant mais en cuisinant pour le jury une spécialité charmante composée de 4 demi-couilles (2 couilles, une paire) de Yack poilées sur roquette et asperges et son coulis de betteraves (supplément salicornes : + 2 €) ;

Qu’on doit finalement faire l’armée (beaucoup d’hommes nés entre 1974 et 1979 n’y croient toujours pas d’avoir pu un jour passer à travers une soirée Scrabble et Monopoly qui dure 10 mois, habillés en treillis) ;

Qu’on joue dans « Eyes Wide Shut » et qu’on est la seule partie (prenante) à ne pas porter de masque.

Non mais les rêves, vraiment ? Qui a inventé et décidé qu’on ne pourrait jamais être serein, dans un bain de quiétude durant la nuit ? C’est pourtant cruel, ce virus pervers atteint même les bébés. Il faut vraiment être immonde pour ne pas laisser les bébés tranquilles, leur faire revivre leur naissance. Et ces enfants auxquels on souhaite une bonne nuit, de faire de beaux rêves et dont on sait qu’ils pousseront un énorme cri qui effraye le cœur ? Non mais à quoi bon, à quoi bon rêver ?

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